La Marelle aux canards: Inventaire

-affiche de Vincent Menu-

Pour la première fois (et surement pas la dernière), La Marelle accueille une exposition dans ses murs. Mécène de l'association Libre Art Bitre, elle ouvre ses portes et offre ses murs à l'accrochage d'œuvres contemporaines.

Depuis 2009, Libre Art Bitre produit des objets et des oeuvres issus de la
collaboration entre artisans et designers ou artisans et artistes. Alors que
les années passent et les projets se succèdent, la collection s'agrandit petit
à petit, la famille aussi. Ce n'est pas l'heure du bilan, ni de la rétrospective,
car LAB est plutôt d'humeur à regarder devant. Mais le moment est bien
choisi pour faire l'inventaire de ces micros-éditions, sortir les pièces des
rayonnages, leur faire prendre l'air, pour les redéployer. En invitant LAB
dans un hôtel particulier à Rennes La Marelle éditions lui offre cette
opportunité de délocalisation : de la zone industrielle au centre-ville, de
l'espace d'exposition au cadre domestique, de l'atelier à la salle à manger,
et, pour certaines pièces, du centre commercial à l'architecture privée d'un
autre siècle. Plus qu'un changement de standing, ce pourrait être une
nouvelle ligne de front. Car c'est bien à l'habitation (au sens large, l'endroit
où l'on vit) que se destinent ces objets, non pas pour agrémenter un buffet
ou épater la galerie – ils sont trop modestes pour cela – mais pour
éprouver leur valeur d'usage, c'est-à-dire leur capacité à introduire leur
symbolique dans le quotidien pour contribuer à le redéfinir.

Trois salles pour revenir sur trois projets. Le premier, « Valeurs Refuges »,
expérience inaugurale de LAB en 2009, faisait se rencontrer quatre
designers et quatre artisans pour produire des objets antidotes à la
consommation déraisonnable et à la production déraisonnée, avec pour
seule contrainte d'utiliser la feuille d'or. « Cèdre », en 2011, mettait entre les
mains de sept artistes et designers une poutre de l'essence précieuse pour
y formaliser, avec la collaboration du sculpteur sur bois Jean-Noël Robic,
une idée de l'avenir. La troisième salle rapatrie les propositions de trois
artistes, Jocelyn Cottencin, Pascal Jounier Trémolo et Karim Ould, qui
s'étaient infiltrées dans le centre commercial Colombia en interrogeant la
notion de « post-spectaculaire ».
texte de Julie Portier